Etonnants photogrammes
que les images de Fabrice Laillier, issus d'erreurs, de rebuts de machines de
tirages, et pourtant bien de la photo-graphie, une écriture de la lumière sur
une surface sensible; Ces images pourraient ne rester que d'étranges traces
abstraites mais elles interrogent bien au delà de l'apparence, au rapport à la
photographie, à la sensation lumineuse, à l'histoire de l'art, au déchets, à la valeur
de l'image, à l'accident duquel peut naitre une oeuvre.
Le potentiel créatif
du hasard:
L'exposition se divise
donc en deux parties distinctes, la première est issue de l'erreur et du
hasard, cette accidentologie dans l'oeuvre existe, depuis Duchamp, et bien
d'autres artistes des avants gardes, dadaïstes et les surréalistes en tête, ont
exploité et systématisé l'erreur.
Ses papiers aux couleurs inhabituelles sont les résultats uniques et aléatoires de disfonctionnements de la machine, de solarisations imprévues, de traces de chimie, de déchirures fortuites. Ces aberrations sont précautionneusement récoltées par l'artiste et classifiées comme de précieux objets dans un cabinet de curiosité, car il y a , dans ces surprises, ces rebus, quelque chose de l'expression du vivant. Fabrice Laillier a toujours été fasciné par la technique et trouve dans ces erreurs une expression de la machine, c'est une collaboration étrange, presque un dialogue qui se crée entre la mécanique complexe et froide, faite pour un rendement infaillible, et l'homme imparfait, fruit d'une toute autre mécanique, qui en récupère les résidus malades , "il n'y a pas de beauté sans fêlure" comme disait Bataille, et c'est dans cette faille que Fabrice Laillier crée sa collection.
Ses papiers aux couleurs inhabituelles sont les résultats uniques et aléatoires de disfonctionnements de la machine, de solarisations imprévues, de traces de chimie, de déchirures fortuites. Ces aberrations sont précautionneusement récoltées par l'artiste et classifiées comme de précieux objets dans un cabinet de curiosité, car il y a , dans ces surprises, ces rebus, quelque chose de l'expression du vivant. Fabrice Laillier a toujours été fasciné par la technique et trouve dans ces erreurs une expression de la machine, c'est une collaboration étrange, presque un dialogue qui se crée entre la mécanique complexe et froide, faite pour un rendement infaillible, et l'homme imparfait, fruit d'une toute autre mécanique, qui en récupère les résidus malades , "il n'y a pas de beauté sans fêlure" comme disait Bataille, et c'est dans cette faille que Fabrice Laillier crée sa collection.
On ne peut considérer
que la machine crée délibérément de l'art naturellement, mais ces images
pourtant nous parlent, elles nous font référence à l' histoire de l'art,
rappelant tantôt de l'expressionnisme abstrait, de Rothko, tantôt la démarche
des affichistes néoréalistes, les rayogrammes, ou le processus de
déconstruction du mouvement support-surface, ces images sont des monstres, des
aberrations de la machine dans lesquels l'artiste voit de précieux accidents
esthétiques.
Désacralisation de la
photographie:
Depuis longtemps l'artiste
s'interroge sur l'objet abandonné, comme résidu d'une civilisation, et sa
réflexion s'applique ici au rebut dans la photographie, sans doute inspiré par
les thèses sur l'oeuvre d'art à l'époque de la reproductibilité technique de
Walter Benjamin, il y voit une revendication artistique et politique, dans ces
masses de papiers perdus, c'est dans l'erreur qu'il retrouve l'aura de l'image:
travaillant longtemps dans un bureau d'étude sur les machines de tirages
photographique comme technicien, il a vu passer des quantités industrielles de
photographies, des images sans valeur, les images de tout le monde, la
photographie du commun, les instants de vie qui passent sans laisser de traces
dans ces machines, des millions d'histoires qui s'effacent, digérées, imprimées
et rejetées dans le monde par une machine amnésique... mais parfois, un grain
de sable crée une perle, et c'est de cette erreur que l'images accidentelle
née, c'est ce hoquet à la mécanique parfaite du temps, de la machine, que
FabriceLaillier collectionne, cette réaction d'indigestion.
Les rebuts constituent donc un matériau qu’il semble nécessaire d’exploiter, ne serrai-ce que pour questionner les jugements, les valeurs esthétiques d’une époque.
Les rebuts constituent donc un matériau qu’il semble nécessaire d’exploiter, ne serrai-ce que pour questionner les jugements, les valeurs esthétiques d’une époque.
Dans la
deuxième partie de l'exposition, l'artiste intervient et provoque l'accident
dans la machine, et crée, d'une image de paysage (le bateau bleu) une
photographie cubiste ou plutot du pixel art photographique, des formes
géométriques aux couleurs dégradées, subtiles comme des aquarelles
artificielles. Reproduite ensuite en grand nombre, l'accident devient procédé,
et l'image qui varie à peine, malgré son statu unique, semble perdre sa valeur
et sa poésie. dans cette multitude abstraite, seul le spectateur attentif
trouvera de subtils décalages, mais l'impression d'ensemble a déjà perdu l'aura
de l'image...
Fabrice
montre de la photographie sans appareil, il accompagne la machine et la lumière
et crée des ensembles qui racontent la beauté du hasard.